admirable

Le CNRTL donne plusieurs définitions de cet adjectif que je vous laisse le soin d’aller lire si ça vous intéresse.

Je ne sais pas vraiment pourquoi j’ai envie d’écrire là-dessus aujourd’hui ou si, peut-être un peu. Pour mon site pro, je réalise un podcast dans lequel j’interroge des gens très différents en âge, en genre, en situation professionnelle et personnelle mais néanmoins francophones, à propos de ce qu’ils et elles pensent du bonheur, de ce qui les rend heureux et heureuses.

Mes hôtes ont accepté de se prêter au jeu (ils ont plus de 70 ans) et le moins qu’on puisse dire c’est que leur vision du bonheur et de la vieillesse fait bouger quelques lignes en moi. J’ai également eu l’opportunité d’enregistrer une de leurs amies de 90 ans qui a décidé de tout plaquer à 54 ans et de partir faire le tour du monde en sac à dos pendant plusieurs années. Vous imaginez bien que ça m’a parlé.

Ces interviews ne sont pas encore sur mon site parce qu’il me faut un peu de temps pour les monter mais elles devraient paraître courant avril/mai.

Donc, j’en reviens à ce truc d’admirer certaines personnes. Je n’ai jamais admiré les grand.es sportif.ves. Je ne sais pas pourquoi mais les individus qui passent le plus clair de leur temps à vouloir aller plus vite, plus haut et plus fort que le voisin ou la voisine me laissent de marbre (limite, je trouve ça assez con).

Par contre, j’ai toujours admiré les gens qui passent à travers les difficultés de la vie et en sortent sans être aigris, méchants, jaloux et revanchards. Ils ne sont pas si nombreux que ça.

Par exemple, j’admire les personnes qui ont affronté une dépression et qui, malgré leur vulnérabilité, sont des personnes tournées vers les autres. J’admire aussi les personnes victimes d’un accident et qui sont dorénavant en fauteuil roulant et qui ont non seulement réussi à continuer à vivre mais qui n’en sont pas devenus amers. Je me dis que moi, je serais certainement incapable d’un tel courage devant ce genre de saloperies de la vie.

Pour moi, c’est ça le vrai courage, pas de s’entraîner pendant des heures pour gagner une médaille (t’es sérieux, mec ? tout ça pour ça ? tu n’avais pas autre chose à faire, non ??).

Il y a beaucoup de personnes admirables et la plupart passent totalement inaperçues parce qu’on ne braque aucune caméra et aucun micro vers elles. Elles ne reçoivent pas de légion d’honneur ou d’autres distinctions et je trouve ça bien con.

Qui sont les personnes que vous admirez, vous ?

16 mars 2021

Pour beaucoup d’entre vous/nous (au moins celles et ceux qui résidaient en France métropolitaine en 2020), le 16 mars 2021 est la date anniversaire du début de la merde de la privation de nos libertés. En effet, ce jour-là débutait le premier confinement (à lire avec une voix de film d’horreur). Mais vous devez être abreuvé.e de toutes parts de commémorations plus ou moins heureuses. Du coup, je me suis dit que j’allais vous parler d’un autre anniversaire, qui ne concerne que moi (et peut-être d’autres femmes dans le monde mais vu qu’elles ne liront pas cet article, on s’en fout).

Je ne vais pas garder le secret plus longtemps : aujourd’hui, je suis très officiellement ménopausée !! Avouez que ça valait le coup d’attendre pour apprendre cette grande nouvelle.

Il y a un an pile poil, je me dépêchais d’aller au supermarché avant le black out pour acheter des tampons parce que, après 253 jours sans règles, mon corps avait brusquement décidé qu’un petit revival s’imposait.

On ne parle pas souvent de ménopause, ni dans les médias, ni au café du coin. Ou alors si, mais pour dire des conneries bêtises du genre que les femmes ménopausées ont leurs chaleurs ou qu’elles ne sont plus baisables jenetrouvepasdemot. Même entre femmes, il est difficile d’en parler. Je me souviens d’avoir un jour abordé le sujet avec un groupe de filles que je connaissais. Alors que je demandai à la plus âgée d’entre elles (qui avait 6 ou 7 ans de plus que moi) si elle était ménopausée et/ou si elle avait des problèmes de cycle, elle me répondit fièrement que non, elle n’était pas ménopausée. Son ton et son demi-sourire étaient là pour dire que je n’étais vraiment qu’une naze de déjà subir les symptômes de ma fin de vie, qu’elle au moins, elle était encore une VRAIE femme.

Parce que oui, il faut le dire, pour la majorité des personnes (occidentales et âgées de moins de 50 ans) : une femme ménopausée ne sert plus à rien. Et sous prétexte qu’elles ne peuvent plus enfanter, qu’elles ont les seins qui pendent un peu et qu’elles ont quelques rides par ci par là, les hommes de mon âge se tournent généralement vers les plus jeunes – qui n’ont pas de petit bidon (mes amies, vous ne pouvez pas faire grand-chose contre l’apparition de cette petite brioche puisque ce sont vos hormones qui commandent !).

Bref, ça fait pas mal d’années que j’ai des symptômes très gênants. Par exemple, je n’ai pas passé une seule nuit avec 8h de sommeil d’affilée depuis au moins 4 ans. J’ai essayé tous les compléments alimentaires possibles et imaginables. Aujourd’hui, je laisse tomber. J’accepte et j’essaie de me créer une vie qui tienne compte de ça.

Malgré tout, j’ai décidé de célébrer ma ménopause ! Je n’aurais plus mes règles. Et désormais, c’est décidé, je n’aurais plus de règles non plus – je ne sais pas si vous saisissez la nuance mais moi oui. C’est simple, maintenant, je n’en ai plus rien à foutre faire de mon surmoi, de toutes ces règles qu’on m’a imposées et que je me suis ensuite imposée à moi-même. Au diable ma recherche de perfection, d’autonomie absolue, de rectitude morale, de respect impérieux de mes sacro-saintes valeurs, de mon appétence pour la reconnaissance des autres, de mon besoin de plaire (surtout à celles et ceux qui me rendent insecure).

C’est sans doute bizarre à dire mais je considère désormais la ménopause comme une chance de m’extraire de la course à l’échalote.

Sur ce, je vous laisse, je vais aller désherber les plates-bandes de devant.

cyrano me prend pour une paonne

Photo by Sam Carter on Unsplash

Ouf, à deux lettres près, il se prenait un taquet ! Non mais !

Voici une petite vidéo de môssieur Cyrano qui en fait des tonnes :

Et sinon, ici la vie s’écoule lentement (comme on dit). Mon quotidien est rythmé par les tétées. Je ne pensais pas que j’écrirais ça un jour – surtout pas à l’approche du 16 mars 2021 (vous en saurez plus sur cette date mystérieuse dans mon prochain article qui paraîtra… le 16 mars – dingue, non ??!!).

Je ne sais que peu de choses de ce qui se passe dans le monde. Il paraît que l’île-de-France va être reconfinée. Je ne sais pas si c’est vrai.

Je n’ai pas de réseau téléphonique. Une fois par semaine, on (mes hôtes et moi-même) va au petit bled du coin pour se ravitailler au magasin bio. On irait bien boire un coup au café du commerce (qui ne s’appelle pas comme ça mais c’est tout comme) mais il est fermé. J’en profite pour écouter mes messages peu nombreux.

Les lundis et vendredis matin, je vais aider un maraîcher bio du coin. La semaine dernière, on a repiqué des tomates et des aromatiques.

Je désherbe les plates-bandes, je m’occupe des poules (je ne dois pas être très douée : ce matin, l’une d’entre elles était allongée sur le côté dans le poulailler). JM m’a dit qu’elle était morte de vieillesse ; quand même, ça m’a fait quelque chose.

Je reboote ma vie doucement. Je suis impatiente (trop !) de repartir sur un nouveau projet, une nouvelle histoire d’amour, un nouveau chez moi… J’attends des signes, des pistes, des idées pour avancer mais je ne vois rien nulle part, je ne lis rien dans le marc de café, rien dans les nuages.

Finalement, ça va plutôt pas trop mal. J’attends tranquillement. J’apprends à attendre tranquillement – ce qui ne me ressemble pas ! Je ne stresse pas. Je ne suis pas vraiment angoissée. Je suis vide mais je n’ai pas peur. J’ai juste le sentiment d’avoir fait place nette. Je crois que j’ai compris que je ne retrouverai pas ma vie d’avant et qu’il faut que j’en construise une nouvelle.

Ah au fait, j’ai recommencé à écrire. Ici d’abord, puis ailleurs. Je dispose de plusieurs supports d’écriture, chacun pour des besoins et des « publics » différents (enfin, il y en a aussi sans public). Ça me permet d’écrire tous les jours. Je participe à des concours de nouvelles – pas pour gagner (quoique) mais surtout comme exercice ; un par mois. Je publierai ici mes textes au fur et à mesure où les résultats des concours seront publiés (pas le droit avant).

Aujourd’hui, il fait beau. Je vais aller me promener avant la tétée de 16 heures.

pause dordognaise

Le mot « dordognaise » n’existe pas et j’ai eu la flemme de chercher dans le dico mais peut-être que l’un.e d’entre vous pourra m’éclairer…

Je suis actuellement en Dordogne donc, où je fais une sorte de woofing (en gros je travaille de 4 à 6h par jour en échange du gîte et du couvert). Mes activités consistent à préparer et donner le biberon à des agneaux, à m’occuper des poules et des paons et à jardiner (j’aide aussi un maraîcher bio deux matinées par semaine (pour le compte de mes hôtes).

Ma vie est donc un peu toute chamboulée et mon sommeil s’en ressent (j’en ai marre de chez marre de cette purée de pois de ménopause – un conseil : si vous êtes une fille, ne vieillissez pas). Mais sinon, le moral remonte ! D’abord parce que je suis bien entourée et ensuite parce que je bois l’apéro tous les soirs (ça aide !… je rigole, je n’ai pas l’intention de devenir alcoolique).

J’ai fait un test à la con pour calculer mon âge biologique : 68 ans ! Super sympa. Je suppose que l’adresse e-mail que j’ai utilisée va bientôt être pleine de messages m’exhortant à acheter des tas de remèdes anti-vieillissement.

Ça me rappelle ce qui était arrivé à l’un de mes copains quand j’habitais Clermont-Ferrand (on avait 18 ou 20 ans, on était fous, on était beaux !). Les scientologues du coin avaient leur bureau à côté de chez moi et alors qu’il s’apprêtait à venir boire un café à la maison, il s’était fait alpagué par deux de leurs rabatteurs (dont une jeune femme plutôt gironde – c’était d’ailleurs pour ça qu’il s’était laissé arrêter). Ils l’avaient entraîné jusqu’à une table et lui avaient fait passer un test (à la con aussi mais ai-je besoin de le préciser ?) dont les résultats étaient sans appel : mon copain était trop bête et ne s’en sortirait pas dans la vie à cause de son manque de culture (le gars a fini docteur en chaiplusquoi et enseignant-chercheur à la fac – c’est dire la précision dudit test). Mais il ne devait surtout pas s’inquiéter parce que pour régler tous ses problèmes (qu’ils venaient d’inventer), ils allaient l’aider. Tout était écrit dans des gros livres écrits spécialement pour lui. Et pour montrer à quel point ils étaient généreux, ils lui en avaient même refilé un dont j’ai hérité puisque mon copain l’a innocemment oublié à la maison.

Je ne sais pas ce qu’il est devenu. J’ai du le jeter ou le perdre dans un déménagement. Je ne me souviens même pas si je l’avais ouvert. Flûte, si près du but !

aujourd’hui, je pleure

Voilà : aujourd’hui je pleure et j’emmerde tout le monde ! Je veux juste m’enterrer au fond d’un trou, m’endormir d’épuisement à force d’avoir trop chouiné et me réveiller quand la vie sera redevenue chouette.

Quand on déprime grave, on entend toujours des grosses conneries bêtises de la part de gens qui ne se rendent même pas compte de l’absurdité de ce qu’ils racontent :

  • « C’est dans la tête, tout ça ! » – comme si, du coup, c’était moins grave, comme si votre souffrance n’existait pas.
  • « Faut pas pleurer (déprimer) ! » – ben là vraiment, je ne comprends même pas l’utilisation du « Faut pas ». Mais espèce de con d’idiot, si je pouvais faire autrement, je le ferais.
  • « Ça passera, faut pas se prendre la tête ! » – le mix des deux premiers, souvent prononcé avec l’air entendu de celui ou celle qui en sait plus que toi sur la vie (nan mais, tu as une vie intérieure ou tu es juste un putain purée de pois de robot ?!).
  • « Faut pas se laisser aller ! » – réponse : je t’emmerde (je m’aperçois que je suis très vulgaire dans ce billet).

Donc, bien évidemment (est-ce évident ?), en plus d’être totalement déprimée, je culpabilise de l’être. Certain.es de mes ami.es m’ont dit que je peux les appeler en cas de coup de mou ; ce que je ne fais surtout pas et je vais vous expliquer pourquoi.

Quand vous êtes bien dans votre peau, vous avez à peu près zéro empathie et zéro envie de vous coltiner les problèmes des autres. Et c’est bien normal : chacun dispose d’une bonne dose de problèmes personnels alors quand ça va, on veut en profiter à fond. Ce n’est carrément pas le moment de se faire assombrir le ciel par une rabat-joie.

Et quand vous n’allez pas bien, il est à peu près évident que vous n’allez pas, en plus, aider une autre âme en peine à porter son fardeau.

Alors à la place, quand j’appelle des ami.es, je fais « style » (vieille expression des années 90) que je vais bien, que je prends tout ce qui m’arrive à la rigolade. Et si, du bout des lèvres, j’avoue que je ne vais pas fort (une litote), je minimise et j’emploie les fameuses expressions débiles (ou des variantes, pour ne pas lasser l’interlocuteur ou l’interlocutrice) ci-dessus exposées.

Pourquoi ? Parce que je ne veux pas perdre les quelques rares personnes qui se soucient de mon sort. C’est pathétique mais c’est comme ça. On appelle cette façon de faire la « dépression souriante » (c’est mignon, hein, on croirait même que ce n’est pas grave). Je suis assez bonne à ce jeu-là mais il faut dire que j’ai pas mal d’entraînement.

Alors aujourd’hui, vu que je n’ai aucun endroit où aller (je suis à Bergerac, que j’ai déjà parcourue à pied dans tous les sens mais sans restaurants, sans bars, sans musées, sans concert, sans aucune possibilité de rencontrer qui que ce soit), je vais rester enfermée dans mon AirBnB en sous-sol (le moins cher que j’ai trouvé : 300 euros les 9 nuits) et pleurer sans doute toute la journée sur mon sort. Ce soir, je prendrais sûrement un somnifère pour oublier ma vie et m’endormir du sommeil de la juste vieille. Le début de la fin, je vous dis ! Moi l’insomniaque, qui ai toujours été contre, – fastoche de l’être quand on ne sait pas ce que c’est que la ménopause et ces crises d’angoisse nocturnes avec impossibilité physique de faire la sieste pour rattraper – il m’arrive de prendre un demi-cacheton pour sombrer.

Demain, c’est jour de marché ! Youhou ! Je vais croiser le regard de quelques êtres humains mais sans voir leurs éventuels sourires (rapport aux masques) ! Faut pas trop en demander quand même. Et si j’ai vraiment de la chance, un.e commerçant.e me dira autre chose que bonjour et merci. C’est peu de dire que j’ai hâte de me frotter (ah non, c’est vrai !) à toute cette humanité (ça va être la fête, je ne vous raconte pas).