mon corps n’est pas très beau

Mon corps n’est pas très beau. Mais en ce moment, je l’aime. Cela n’a pas toujours été le cas puisque j’ai passé la grande majorité des 30 dernières années à le détester.

Mais je change – moi, à l’intérieur – en même temps que lui. Et finalement, je l’admire d’être tel qu’il est. Tout comme moi, il a traversé pas mal d’épreuves (je ne parle même pas du temps qui fait pendouiller la peau et prendre du gras un peu partout).

Je lui ai infligé des choses innommables pendant toutes ces années ; je l’ai contraint, affamé, gavé, drogué, malmené. Et il est toujours là, fidèle au poste – même si j’ai bien cru plusieurs fois qu’il lâchait l’affaire.

Ça me donne de plus en plus envie de prendre soin de lui, comme on prend soin d’un vieux copain, avec tendresse.

Et puis il est comme moi, imparfait, avec des plaies, des bleus, des creux et des bosses placés à des endroits que la police de l’esthétique désapprouve.

Le psychopathe ne l’a jamais aimé, lui préférant les chairs fraîches de ses nombreuses conquêtes. Comme une idiote, j’en avais déduit qu’il n’était pas digne d’amour et je m’attachais à le détester du mieux que je pouvais. J’ai un peu toujours fait ça d’ailleurs, laissant aux autres (hommes et femmes, connus et inconnus, proches et lointains) le soin de me dire s’il méritait mon affection ou pas.

Mais aujourd’hui je l’aime – d’abord parce que face au vieillissement, je n’ai pas trop le choix mais aussi parce que, finalement, j’ai une sacrée chance d’avoir un partenaire aussi loyal.

voilà, voilà

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Et bien voilà ! Il fallait bien que ça arrive : j’ai 50 ans.

Bizarrement, je suis très contente. Je dis « bizarrement » parce que beaucoup de personnes autour de moi m’ont parlé du coup de massue qu’elles ont reçu lorsqu’elles ont atteint cet âge canonique ou du coup de cafard qu’elles se tapent d’avance à l’idée même de devoir souffler 50 bougies.

Il faut dire que ça fait plusieurs mois que je me prépare et que le pire des traumas de la cinquantaine est derrière moi. J’ai enfin digéré (il reste quelques scories par ci par là) ma séparation d’avec le psychopathe, le fait de ne plus avoir de logement et celui de ne plus gagner ma vie.

Désormais, tout ça est archivé dans la case « trucs du passé qui ne méritent pas vraiment qu’on dépense du temps et de l’énergie à y penser ».

Je ne sais pas si j’en ai déjà parlé ici (je crois que oui) : il y a très longtemps, j’ai décidé de vivre 120 ans. Soyons réalistes : j’envisage d’être en pleine capacité de mes moyens physiques et psychologiques jusqu’à 100 ans (les 20 ans restants seront quasiment entièrement consacrés à des tests de drogues psychédéliques – tant qu’à finir grabataire autant le faire en couleurs).

Voici mon programme pour les 50 prochaines années :

  • voyager le plus possible
  • rire souvent
  • écrire
  • être proche de la nature
  • être entourée de personnes géniales
  • vivre avec des chats
  • écrire
  • rencontrer mon partenaire de vie (celui avec lequel je vais vieillir tranquillement)
  • essayer d’être la meilleure marie sans importance possible
  • créer des trucs
  • danser et chanter
  • écrire (oui, je sais)

Je compte sur vous pour me soutenir et me rappeler à l’ordre quand je me prendrai la tête avec des idiots et des idioties (parce que hein bon, parfois, on chasse le passé et il revient pointer ses crocs sanglants).

Je vous bise cinquante fois.