mon corps n’est pas très beau

Mon corps n’est pas très beau. Mais en ce moment, je l’aime. Cela n’a pas toujours été le cas puisque j’ai passé la grande majorité des 30 dernières années à le détester.

Mais je change – moi, à l’intérieur – en même temps que lui. Et finalement, je l’admire d’être tel qu’il est. Tout comme moi, il a traversé pas mal d’épreuves (je ne parle même pas du temps qui fait pendouiller la peau et prendre du gras un peu partout).

Je lui ai infligé des choses innommables pendant toutes ces années ; je l’ai contraint, affamé, gavé, drogué, malmené. Et il est toujours là, fidèle au poste – même si j’ai bien cru plusieurs fois qu’il lâchait l’affaire.

Ça me donne de plus en plus envie de prendre soin de lui, comme on prend soin d’un vieux copain, avec tendresse.

Et puis il est comme moi, imparfait, avec des plaies, des bleus, des creux et des bosses placés à des endroits que la police de l’esthétique désapprouve.

Le psychopathe ne l’a jamais aimé, lui préférant les chairs fraîches de ses nombreuses conquêtes. Comme une idiote, j’en avais déduit qu’il n’était pas digne d’amour et je m’attachais à le détester du mieux que je pouvais. J’ai un peu toujours fait ça d’ailleurs, laissant aux autres (hommes et femmes, connus et inconnus, proches et lointains) le soin de me dire s’il méritait mon affection ou pas.

Mais aujourd’hui je l’aime – d’abord parce que face au vieillissement, je n’ai pas trop le choix mais aussi parce que, finalement, j’ai une sacrée chance d’avoir un partenaire aussi loyal.