Il est temps pour moi de conclure cette année avec mon dernier article de décembre qui porte sur notre chouette système de santé.
Voilà, il y a quelques semaines j’ai du appeler les pompiers pour quelqu’un qui se trouvait chez moi, un soir vers 22h. Je n’ai pas du tout envie de vous expliquer le pourquoi et le comment ni même le quoi parce que 1. c’est beaucoup trop triste et 2., c’est beaucoup trop tôt pour que je puisse en parler avec détachement.
Revenons au coeur de l’histoire : puisque la seule personne que mon ami connaissait à Bordeaux c’était moi, j’ai laissé mes coordonnées et les pompiers m’ont dit que l’hôpital m’appellerait le lendemain pour me tenir informée de la suite des opérations.
Sauf que ça ne s’est pas passé tout à fait comme ça.
A 2h du matin, le téléphone a sonné et une « charmante » personne m’a dit qu’il fallait que je vienne chercher le monsieur parce qu’il était « sortant ». Quand je lui ai dit, que je n’avais pas de voiture et que j’habitais assez loin des Urgences, elle m’a rétorqué que je n’avais qu’à me débrouiller parce que l’hôpital n’avait pas les moyens de garder les gens toute la nuit. Je re-précise donc les choses avec elle : cette personne que l’hôpital veut mettre dehors est donc nu-pied, en pyjama, sans argent, sans même les clés de chez lui, a été hospitalisé en urgence quelques heures auparavant à la suite d’un gros problème de santé, il est 2 h du matin et ils vont le jeter dehors. Elle a acquiescé en me disant que peu importe, si je ne venais pas dans l’heure, il se retrouverait avec les autres.
Du coup, j’ai pris un taxi (25 euros) et suis allée aux urgences. Quand je suis arrivée, c’était la cour des miracles : il y avait des sdf un peu partout autour de l’entrée (certains avec des bandages, d’autres non). Ce devait être, eux aussi, des « sortants » mais comme ils n’avaient personne à appeler ni nulle part où aller, ils se retrouvaient là, comme des chiens (je précise que la température était inférieure à 5° et qu’il pleuvait).
Alors là, je dis merci à notre président et à l’ensemble du gouvernement pour ce qu’ils ont fait de notre système de santé. Notre beau pays développé et à la pointe de la technologie est devenu incapable de garder une nuit entière des personnes admises aux urgences alors même qu’elles ne tiennent même pas debout toutes seules. Ben oui, parce que le médecin m’a bien dit lorsque j’ai récupéré mon ami qu’il fallait que je veille sur lui. En effet, il pouvait de nouveau faire une crise n’importe quand dans les prochaines 24h ; dans ce cas, je devais rappeler le Samu (c’est chouette, non ?).
Merci nicolas, passe une bonne année, meilleurs voeux et surtout la santé, hein, parce que la santé c’est important !!!
J’avais été étonné d’être sortant deux jours après être sorti du coma et tenant à grand peine sur mes jambes. Finalement, ça s’est « bien » passé : j’avais du soutien et j’ai été hospitalisé ailleurs, dans une autre usine mais où au moins je pouvais rester pluss longtemps. Puis j’ai connu un hôpital humain, il en reste… Une fois sorti, bien soigné, je suis même retourné dans cet hôpital pour une demi-journée dédiée à la prévention, organisée par un médecin cardiologue. Mais depuis ce médecin est parti, il n’a pas été remplacé ; plus de prévention évidemment, et le boulot habituel n’est plus pris en charge que par le cardiologue restant… Je ne le vois que pour contrôler que mon cas continue à s’arranger, de loin en loin, mais pour ceux qui ont besoin d’une intervention urgente, ça craint !
Puis il y a eu récemment le cas de ma maman que j’ai raconté en passant certains détails… Aujourd’hui elle en est encore à attendre, à prendre son mal en patience comme on dit.
Je sais pour ta maman… Je suis malheureusement tes aller-et-retour et les siens dans les hôpitaux.
Malheureusement, ça ne s’arrange pas dans les hôpitaux. Je comprends que tu aies pu être choquée. C’est vrai que ça n’est pas normal. De nos jours, vaux mieux ne pas avoir de problèmes de santé ou alors beaucoup d’argent…
Mais souvent, les personnes en mauvaise santé sont également celles qui sont pauvres… C’est pourri.
Je viens lire ce billet suite à un commentaire de cristophe chez moi et je vois bien pourquoi il m’a guidé ici.
Je pleure à lire ce désastre, comme j’ai pleuré hier dans ce couloir des Urgences en constatant une fois de plus la misère humaine, la déshumanisation des services de santé. Je suis atterrée que ce soit possible, qu’on soit revenus si loin en arrière.
Mon mari et moi avons plongé dans la misère en quelques mois suite à son renvoi illicite par l’éducation nationale. Pas d’assedic, aucune aide sociale, pas même pour notre fils handicapé, une descente aux enfers où nous avons laissé notre santé.
Nous remontons depuis 3 mois. Mon mari a gagné son procès et l’éducation nationale n’a eu d’autre choix que de l’engager à nouveau. On ne nous a pas remboursé les 5 ans sans salaire. On ne pourra jamais nous rembourser les dégâts physiques occasionnés par cette traversée du désert.
Aujourd’hui, même avec une couverture sociale à peu près correcte, nous avons la mutuelle CMU, nous nous battons pour être soignés correctement, mais c’est une nouvelle guerre et nos forces sont faibles.
C’est un beau témoignage que le tien. Il devrait être diffusé. Je me permet de le mettre en lien à la suite de mon billet. Si ça t’ennuie, n’hésite pas à me le dire, je le retirerai.
Bravo à toi et à toute ta petite tribu pour votre courage ! A côté de vous, je ne suis qu’une naze de plus qui se plaint…
Tu es la bienvenue chez moi …
Honte d’être français.
Cela me rappelle une caricature de Sine Mensuel en 2 images :
image 1) le président « personne ne dormira dans la rue »
image 2) un homme dans un carton réveillé à coup de matraque « réveille toi ! personne doit dormir, t’as pas compris ? »
Effectivement, Siné a toujours su saisir les conneries du monde. Sois le (la ?) bienvenu(e ?) (le lien vers ton blog ne fonctionne pas).